Un gestionnaire de sites de fausses nouvelles s’excuse pour avoir porté Donald Trump au pouvoir
Le propriétaire de plusieurs sites de fausses nouvelles est atterré par le résultat de l’élection américaine, dont il estime qu’il en est (en partie) responsable.
Paul Horner, lors d'une entrevue exclusive accordée au quotidien de vraies nouvelles The Washington Post, s’accorde une partie de la responsabilité dans l’élection de Donald Trump à la présidence, par la propagation de ses fausses informations au moyen de plusieurs faux sites de nouvelles. «Je pense que Donald Trump est à la Maison-blanche à cause de moi», estime-t-il, tout repentant.
Une analyse de BuzzFeed News révélait mercredi que les fausses nouvelles ont bénéficié d'un plus grand rayonnement sur Facebook que les vraies. Les 20 histoires fausses les plus populaires provenant de sites spécialisés dans les canulars et de blogs extrêmement partisans ont généré un peu plus de 8,7 millions de partages, réactions et commentaires pendant la campagne. Les 20 des plus importants sites d'infos comme CNN, Fox News ou le New York Times, à peine 7 millions.
«Les gens ne font que relayer des affaires, ils ne vérifient rien. C’est comme ça que Trump a été élu. Il a dit ce qu’il voulait, les gens l’ont cru, et quand ça s’avérait faux, ils s’en fichaient, parce qu’ils avaient déjà accepté que ça serait vrai. C’est vraiment effrayant, je n’ai jamais rien vu de tel», poursuit l'homme de 38 ans, dont l'entreprise fait son pain et son beurre depuis plusieurs années avec des nouvelles inventées.
Lundi, Google et Facebook ont annoncé qu'ils allaient purger de leurs plates-formes publicitaires les sites propageant des informations fausses, différents des sites satiriques, comme The Onion, en ce sens où leurs nouvelles apparaissent à certains égards vraies.
Horner s’en prend notamment aux électeurs républicains, voire aux stratèges de l’équipe Trump, qui ont crû et fait circuler à tous vents certaines nouvelles absurdes, comme celle à l’effet que l’équipe Clinton payait 3500$ les manifestants aux assemblées de Trump pendant la campagne.
«Mes sites ont été repris sans arrêt par les partisans de Trump. Ils ne vérifient rien : ils publient tout et ils croient n’importe quoi. Même le directeur de campagne de Trump (Corey Lewandoski, dans les premières semaines de campagne) a publié mon histoire sur les manifestants payés.»
Parmi les tactiques utilisées par Horner, l’utilisation dans les publications Facebook d’URL ressemblant à s’y méprendre à celles de vrais sites d’infos, comme les grands quotidiens et les chaînes d’informations.
À la question de savoir pourquoi il diffusait ses fausses nouvelles, le blagueur en chef évoque ses propres convictions politiques (il déteste Trump), et estimait qu’elles auraient dû nuire à la campagne de Trump, tant elles lui semblaient ridicules.
«Des gens partagent quelque chose que j'ai écris, puis ils découvrent que c'est faux, et ont l’air idiots. Mais les partisans de Trump continuaient de les suivre tout le temps! Ils ne vérifient jamais rien! Maintenant, il [Trump] est à la Maison Blanche. En rétrospective, au lieu de nuire à sa campagne, je pense que je l'ai aidé. Et je ne me sens pas très bien par rapport à ça.»
Parmi les nouvelles fausses les plus virales de Paul Horner, on compte :
- celle à propos des 20 millions d’Amish s’étaient engagé à voter pour Trump (ce qu’ils n’ont jamais fait, d’autant plus que la population Amish ne dépasse pas les 300 000 individus, tout âge confondu)
- celle au sujet d’un ordre d’Obama qui interdisait l’hymne national avant les matchs
- et l’affaire du Westphalia transformé en chapelle pour mariage gai et clinique mobile pour avortement