Les hippopotames défèquent tellement que des poissons en meurent
Tout commence avec un couple de chercheurs, Chris Dutton et Amanda Subalusky, qui a remarqué qu’il y avait une tonne de poissons morts sur les berges de la rivière Mara, à la frontière du Kenya et de la Tanzanie.
Après des recherches intensives et une multiplication des protocoles de recherche, les chercheurs ont publié leur article dans Nature Communications. Juste le titre de l’article en vaut la peine: «Organic matter loading by hippopotami causes subsidy overload resulting in downstream hypoxia and fish kills», ce qui est une version fort élégante de «parfois les hippos font tellement caca que les poissons s’étouffent, diantre!».
Pour éviter le traumatisme de voir des centaines de poissons asphyxiés, voici la populaire Phoebe de Friends en train de s'étouffer. Elle a survécu.
Il y a environ 4000 hippopotames peuplant la Mara. Ces 4000 hippopotames déposent à peu près 8500 kg d’excréments (!) sur une centaine de kilomètres. Dutton, interviewé dans The Atlantic, illustre: «Il y en a partout. Sur les rochers. Dans le fond de l’eau.»
Puisque les hippopotames sont des animaux plutôt hostiles, voire dangereux (qui l’aurait cru, ils ont l’air si sympathiques!), les chercheurs ont envoyé un petit bateau télécommandé bourré de capteurs. Ceux-ci ont révélé que la boue du fond de la rivière est un heureux mélange d’ammoniac, de méthane, de sulfure d’hydrogène et d’autres composés, disons-le, franchement dégueulasses.
Et de manière plus importante: les bactéries bouffant les excréments de la rivière consomment beaucoup d’oxygène. Tellement qu’il n’y en a plus pour les poissons.
Comme si ce n’était pas assez, la saison des pluies envoie les eaux cacateuses plus loin dans la rivière, accentuant le problème sur plusieurs kilomètres. Résultat: beaucoup de poissons au paradis des poissons.
Afin de prouver qu’il s’agit vraiment de la faute aux excréments d’hippopotames, les chercheurs ont déployé plusieurs moyens différents, dont la construction d’un barrage pour bloquer l’apport en eau d’un bassin à proximité de la Mara. En y transférant de l’eau «contaminée» par les excréments des hippopotames, et en vérifiant le niveau d’oxygène, ils ont prouvé que c'est bel et bien la résultante du système digestif de ces gros animaux qui est responsable du manque d'oxygène.
Cela dit, ce n’est pas un phénomène nouveau. La rivière Mara est reconnue pour être un écosystème complexe qui fonctionne, malgré la mort par asphyxie de nombreux poissons.
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