On a revisité les lieux du fameux lip dub de l'UQÀM dix ans plus tard et la magie n'y est plus

Le 10 septembre 2009, les Québécois ont perdu une partie de leur innocence.
Des étudiants en communication de l’UQAM ont travaillé ben fort pour se mettre sur la mappe et tenter de marquer l’histoire de notre jeune-nation-québécoise-dans-un-Canada-uni, telle que baptisée par Stephen Harper trois ans plus tôt.
Leur plan était simple.
À tour de rôle, les 176 participants allaient faire semblant de chanter un bout d’une chanson, en se costumant et en mimant les propos exprimés par l’artiste. Le tout serait capté dans un long plan-séquence pré-19-2 filmé à travers les corridors de l’UQAM.
Ce type d’exercice appelé lipdub était, à l’époque, en plein essor sur le web.
- D'ailleurs, il y en avait plein d'autres des phénomènes weirds: 28 phénomènes web qu'on a tous oubliés
I Gotta Feeling du groupe américain Black Eyed Peas commençait sa 11e semaine au sommet du Billboard Hot 100 et nous étions encore loin de nous lasser de ce classique moderne.
Nous nous sommes rendus à l’Université du Québec à Montréal pour revisiter, dix ans plus tard, les lieux qui ont été immortalisés dans la fameuse vidéo.
Suivez-nous dans ce texte-séquence.
C’est à l’angle des rues Maisonneuve et Saint-Denis que notre pèlerinage débute.
Évidemment, lors de notre passage, il y avait une grève. C'est toujours l'UQAM quand même.
C’est ici qu’exactement dix printemps passés, quelqu’un est passé en Bixi en faisant semblant de chanter les paroles de Will.I.Am. La caméra traverse ensuite un groupe d’étudiants qui jouent au Twister sur le trottoir.
Malgré les années, le souvenir du lipdub est encore présent.
On monte ensuite les dix marches qui mènent à l'endroit où un gars qui a l’air de s'appeler Maxime a trouvé une excuse pour ressortir son costume de Où est Charlie de l’Halloween précédent.
Passé les portes, on entre dans un pavillon nommé en honneur de la femme de lettres Judith Jasmin, où de nombreux étudiants ont mimé les paroles d’une autre femme de lettres, Fergie.
Les plus fervents observateurs pourront reconnaître l’emplacement exact où une jeune femme ne s’était pas assez bien cachée derrière une porte de sortie d’urgence, nous rappelant que derrière cette réalisation titanesque, il se cachait des humains.
Voici la preuve.
Des étudiants insouciants étudient, bien assis aux tables donnant sur l’agora, comme s’ils oubliaient que c’était la même table où était posée jadis une bouteille d’amarula, une douce liqueure crémeuse alcoolisée.
Quelques pas au sud-ouest nous mènent directement à l’endroit où un homme en robe s’est exposé la poitrine. Ça nous a rappelé qu’en 2009, un homme déguisé en femme, c’était vraiment drôle.
De l’autre côté de l’agora, on a un point de vue parfait sur le lieu où 16 braves étudiants ont tenu les pancartes dessinées sur du papier coloré sur lesquelles on pouvait lire «DO IT».
Bon, aujourd'hui, c'était très calme. Même pas de pancarte au slogan agressivement engagé auquel l'UQÀM nous a habitué en vue.
On a continué notre chemin.
On descend ensuite l'escalier statique à côté de l’escalier roulant où une étudiante s’est retrouvée captée dans le lip dub bien malgré elle. Rappelez-vous, c'était elle:
Elle ne se doutait sûrement pas en se rendant à ses cours cette journée-là qu’elle ferait partie d’un des évènements les plus marquants de l’histoire du Québec. Aujourd'hui, une nouvelle génération d'étudiants gravissait les escaliers, mais ceux-ci ne se retrouveront pas dans un lip dub célèbre. Juste dans un article du Sac de chips. Triste.
Nous sommes passés devant une autre rangée de tables pour nous rendre au lieu où une bouteille de gin Gordon’s a été passée de mains en mains, pour symboliser une soirée arrosée. Il y a plus de plante que dans notre souvenir.
On approche du crescendo de la chanson et celui de notre visite.
«On my god» avait lancé un gars déguisé en prêtre qui s’appelle probablement Maxime, dans ce lieux précis, même si rien ne nous l’indique.
Une bouteille de vodka Smirnoff, des verres, un sombrero, un chapeau de cowboy, un rouleau à peinture, des menottes et un briquet ont été tenus par ceux qui ornaient les couloirs qui menaient au groupe d’étudiants qui faisait semblant de faire de l’aérobie devant les machines distributrices. Ouf. On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour la machine qui avait été détruite en 2015 lors d’une manifestation dans le pavillon J.-A.-DeSève.
Comme le temps passe. Aujourd'hui, seule une étudiante se tenait devant le coffre aux boissons sucrées. Qu'a-t-elle choisi? On ne le saura pas, le devoir nous appelait ailleurs.
On continue notre trajet pour nous retrouver devant le local de location d’équipement électronique, là où plusieurs étudiants ont perdu beaucoup de temps à travers les années.
Enfin, quelque chose qui a changé! Ce panneau lumineux n'y était pas en 2009. Mais l'UQÀM se relevait à peine de sa peine d'amour avec l'îlot voyageur. Les temps étaient durs.
Fred Bastien, la personne la plus connue à avoir participé au projet, était là dans le temps. (On a pas fait de capture d'écran mais c'était le gars qui part tout seul dans son propre corridor.)
C'est ici que notre périple se termine, devant le studio auquel nous n’avons pas pu avoir accès parce que nous n’avons pas demandé la permission à personne.
Bravo à tous et surtout, merci.