Un «retour aux sources» des Cowboys Fringants!
Après avoir fait pleurer l’Amérique, le collectif culte revient à la charge avec un album-surprise dans les deux sens du terme. En effet, en plus de refaire surface de façon inopinée, les Cowboys endisquent ici des maquettes délaissées au fil du temps. En gros, le quatuor renoue avec un son et une plume rappelant leurs débuts suintants, mais avec les moyens et l’expérience acquis depuis un quart de siècle déjà.
Les Cowboys Fringants
★★★★1⁄2
Les nuits de Repentigny
« Les Cowboys Fringants reprennent du service. On est de retour en business. »
C’est sur ces mots que l’album s’ouvre sur fond d’une mélodie morriconnesque, cuivres en prime. Vient ensuite Épique Éric, une pièce lounge rock psychédélique (oui, oui) racontant un lendemain de veille digne de la trilogie The Hangover ou, mieux encore, un party de fin de session du département d’Arts et Lettres du cégep de Sorel-Tracy (et je sais de quoi je parle). Puis vient la pièce-titre, délirant pastiche de Viva Las Vegas du King (qui plaira également aux fans des Trois Accords, d’ailleurs) qui chante les louanges de la vie nocturne du joyau de Lanaudière... référence au Motel Capri y compris. Et ça continue tel un feu roulant pour une vingtaine (!) de brûlots.
RETOUR VERS LE FUTUR... GENRE ?
Le quatuor est toutefois loin de faire dans la nostalgie.
Il n’est pas question ici d’un quelconque clin d’œil à 12 Grandes Chansons (1997) ou encore à une suite spirituelle à Sur mon canapé (1998). Oh non. On a plutôt affaire à un exercice de style souvent plus rock actuel que folk trash d’antan qui répond à plusieurs interrogations par la bande dont et si les Cowboys de 2021 — avec l’expérience acquise et ses prouesses pour la phrase rassembleuse et la mélodie contagieuse — revenaient en 1995 pour composer ses premières tounes ou, mieux encore, disons que le quatuor prenait une pause de ses « grands albums » le temps d’un « disque de party », qu’est-ce que ça donnerait ?
Ça donnerait Les nuits de Repentigny : un grand disque de party qui arrive à point.
Aussi à souligner : la pochette de l’œuvre devrait, tout comme la croix de Coronado, retrouver sa place dans un musée.
- Écoutez la chronique d'Anaïs Guertain-Lacroix sur QUB radio:
Félix Dyotte
★★★1⁄2
Airs païens
Pour cet album, l’auteur-compositeur-interprète pop folk local évoque encore et toujours la fameuse nouvelle chanson française, mais s’aventure plus loin sur Airs païens. Le principal intéressé va même jusqu’à faire écho, peut-être bien malgré lui, à Henri Salvador (sur la charmante pièce bossa-nova Verónica qui ouvre le bal) ainsi qu’à Richard Desjardins par son interprétation plus vulnérable sur l’émouvante Tu dors déjà. Les fans du dandy seront tout particulièrement comblés.
Jessica Charlie
★★★★
Perceptions
Je l’ai déjà mentionné ici à quelques reprises, mais quand même : j’adore l’excitation entourant la découverte d’une œuvre par un(e) artiste dont on n’a jamais entendu parler et c’est le cas à nouveau ici avec ce maxi proposé par cette auteure-compositrice-interprète qui, en compagnie du réalisateur Borza Ghomeshi (Safia Nolin, Lauryn Hill, Martha Waiwright, Jim Corcoran et j’en passe), explore un folk pop rock planant qui se marierait bien à des pièces de Marie-Pierre Arthur sur une liste d’écoute. C’est excellent, bref. À découvrir !
Lynda Lemay
★★★
À la croisée des humains
La grande dame du folk confiait aux médias à la fin de l’année 2020 qu’elle prévoyait produire 11 albums de 11 chansons chaque au fil des 1111 jours à venir. D’où À la croisée des humains, un des premiers jalons de cette aventure. Peut-être est-ce l’urgence du projet ou la richesse de l’offre folk pop locale actuelle, mais ce nouvel album fait un brin précipité ou, du moins, soumis sur le pilote automatique. Mme Lemay ne s’y met guère en danger, malheureusement. Les fans de la première heure adoreront, toutefois.
Coup de coeur
PHILIPPE BRAULT
★★★★
Fear And Greed
On connaissait les talents d’arrangeur et réalisateur de Philippe Brault, lui qui a collaboré à bon nombre d’œuvres incontournables de Pierre Lapointe, Random Recipe et Philémon Cimon, par exemple. On connaît un peu moins bien, toutefois, son côté plus « jacket de cuir » alors qu’il désarçonne les mélomanes avec ce maxi instrumental tanguant vers le post-rock accompagnant également un spectacle de danse de Frédérick Gravel. Production qui invite à l’écoute attentive, chronologique et voire même au recueillement, Fear And Greed plaira aux nostalgiques de The Earth Is Not a Cold Dead Place d’Explosions In The Sky.