The Black Keys et son (double) retour aux sources
Moi aussi, quand je lis des critiques (surtout les miennes), certaines expressions me font tilter comme, par exemple, « l’album de la maturité », « galette » comme synonyme de disque ou encore « les fans de Karkwa vont apprécier ». Parmi celles-ci s’ajoute, bien évidemment, « le retour aux sources » lorsqu’un artiste flirte de nouveau avec le son qui lui a permis de se lancer.
The Black Keys
★★★ 1/2
Delta Kream
Mais bon, dans ce cas-ci, c’est doublement vrai : The Black Keys revient finalement au blues en se frottant à des classiques du genre pour l’occasion.
Après des années à proposer un rock accrocheur, certes, mais aussi de plus en plus formaté et essentiellement destiné aux annonceurs de pubs de voitures, comme diraient les mauvaises langues (dont moi, bien sûr), le duo prend une courbe à 180 degrés et opte pour une production plus abrasive et des pièces plus lancinantes.
Entre humilité et innovation
Bien que les rockeurs reprennent des chansons de légendes comme John Lee Hooker (Crawling Kingsnake qui ouvre le bal) et de grands noms parfois méconnus du public (dont David Kimbrough Jr. qui a déjà été honoré par le duo sur la maxi Chulahoma [2006]), le résultat final demeure étonnant tant il détonne du matériel original sans toutefois verser dans l’iconoclasme. Comme le sous-titre le mentionne, les Black Keys y vont d’un travail qui frôle le funambulisme.
Bien qu’on doute que l’album convertisse de nouveaux fans, Delta Kream plaira autant aux amateurs du style musical moussé ici qu’aux inconditionnels du projet en plus d’être, par la bande, un « greatest hits » fort pratique pour remettre à jour le genre hyper niché qu’est le North Mississippi blues.
Barrasso
★★★ 1/2
Barrasso
Le combo punk rock francophone montréalais prend du gallon avec ce maxi homonyme. Le quintette revient à la charge trois années après Colada avec une offrande plus mélodique et hymnique, sans toutefois perdre de sa force de frappe. Bien que le projet demeure en possession de sa direction musicale, Barrasso fait écho, sûrement bien malgré lui, aux accroches d’Alkaline Trio (surtout Good Mourning) et à l’énergie brute des Hives du début (époque Barely Legal). Bref, c’est très bon.
St. Vincent
★★★
Daddy’s Home
Au-delà du « drama » entourant la parution de l’album – Annie Clark aurait tenté d’empêcher la publication d’une entrevue sur le sujet et Twitter s’emballe depuis –, Daddy’s Home étonne davantage par le défi que l’artiste s’est lancé : explorer les musiques rock, glam et soul des années 70. En résulte une œuvre entre Bowie et Prince ; un disque qui ne réinvente malheureusement pas la roue (bien que St. Vincent soit pourtant abonnée aux petites révolutions), mais qui demeure tout de même très agréable et pertinent.
Artistes variés
★★★ 1/2
Bonbonbon : 6 morceaux
Le label local tient sa promesse et offre finalement son maxi rassemblant sept reprises pas piquées des vers par ses artistes. Outre l’adaptation des Stones signée Vanille déjà abordée, mentionnons la relecture plus électro-groovy-sensuelle des Deux printemps de Daniel Bélanger par Totalement Sublime (les fans de Les Louanges vont adorer) et l’interprétation très indie rock du moment de Je sais, je sais de Marjo, une gracieuseté de Larynx. Sans être déstabilisante, la direction de certaines chansons est inattendue et ô combien agréable. Bravo !
COUP DE COEUR
Michel Villeneuve
★★★★ 1/2
Solstice
Je l’ai mentionné à quelques reprises ici, mais je me dois de le souligner à chaque occurrence : oui, le sexe, c’est bien, mais avez-vous déjà vécu cet émoi à la découverte de nouvelles musiques ? L’honneur revient cette semaine à cet auteur-compositeur-interprète de la Côte-Nord (non, le commentateur hockey du même nom ne s’est pas lancé en musique... du moins, pas à ma connaissance) qui dévoile un second LP folk rock qui plaira aux fans de Fortin, Desjardins, voire Placard (qui réalise l’œuvre d’ailleurs). À ne pas manquer !