Clara Luciani est maintenant plus disco et boogie
Déjà que son album précédent – Sainte-Victoire (2018) – déménageait pas mal, via son hit incontournable La Grenade, la sensation pop en rajoute avec ce nouvel album encore plus dansant.
Daft Luciani
★★★★1/2
Cœur
À l’image du fameux Random Access Memories de Daft Punk, Cœur est aussi une lettre d’amour aux sons qui animaient les planchers de danse des années 70 et 80 : le disco sous plusieurs de ses déclinaisons (dont l’italo), l’électro et la pop. Les fans d’Abba, de Diana Ross, voire des Québécois de Trans-X, seront donc en terrain connu. Précisons toutefois que Luciani ne se contente pas de faire dans la nostalgie crasse. Oh que non !
L’auteure-compositrice-interprète et son entourage (dont les producteurs house français Breakbot et Yuksek) font en sorte que le tout demeure délicieusement de son temps.
Des mots qui dansent
Alors que le cliché voulant que la pop repose essentiellement sur des textes bébêtes s’estompe, Clara Luciani enterre ici ce lieu commun – et rassure ses fans de la première heure par la même occasion – en conservant sa plume aiguisée malgré ce changement de cap musical.
En entrevue, la principale intéressée – et parolière pour Julien Clerc sur son plus récent album – dit s’être notamment inspiré de Marcia Baïla des Rita Mitsouko (un hit qui aborde le cancer après tout !) et autres bijoux pop aux strophes sombres pour Cœur et ça s’entend. Respire encore, une chanson faisant autant référence aux relations toxiques qu’au « retour à la vie » post confinement, s’avère particulièrement habile.
L’été s’annonce de plus en plus dansant, bref.
Maroon 5
★★
JORDI (Deluxe)
Quatre ans après Red Pill Blues, un sixième LP pop cruellement mou, Maroon 5 surprend... en proposant la même mautadine d’affaire. Malgré une prémisse dramatique – l’album est inspiré en partie par le défunt gérant du groupe et est le premier que le projet enregistre après avoir renvoyé le bassiste Mickey Madden –, JORDI est à la limite un disque de transition pour Maroon 5 qui semble se diriger vers le R&B vaporeux du moment, mais n’arrive pas à le rendre excitant, voire sexy. Pour les fans seulement.
Charlene
★★★
Alegria94
Bien que méconnue du grand public, cette auteure-compositrice-interprète est une véritable mercenaire de vitrines, se distinguant notamment sous les feux de Ma première Place des Arts, l’École nationale de la chanson de Granby et même en Angleterre via la compétition UK Song Contest. Sur Alegria94, Charlene combine pop et R&B à merveille sur un maxi un brin trop académicien. C’est bien fait, ça promet, mais autant les musiques que les textes carburent aux lieux communs. À suivre de très, très près, toutefois.
Safia Nolin
★★★★
Rue de l’ours
Si elle se fait discrète sur les réseaux sociaux – pour les raisons qu’on connaît, malheureusement –, Safia Nolin persiste, signe et dévoile un single décliné en deux versions. La version « wack » (oui, oui) se veut plus brute et champ gauche, la principale intéressée y dévoilant son intérêt pour la musique noise par la bande. La variante « du dimanche », elle, nous rapproche de son modus operandi habituel (folk pop éthéré, mais tout de même enjolivé de cuivres ici). Les deux formes de la ballade sont aussi relevées que surprenantes. Vivement la suite.
Coup de coeur
Kennyhoopla
★★★1/2
SURVIVORS GUILT: THE MIXTAPE
Béguin musical des derniers mois, Kennyhoopla surprend encore et toujours avec ce mixtape réalisé en compagnie de Travis Barker. Surtout connu à titre de batteur de Blink-182, Barker – pour les non-initié(e)s – collabore également avec 114 autres projets autant rap que rock (le succès de la plus récente offrande de Machine Gun Kelly repose d’ailleurs sur ses épaules). Après s’être imposé en rap et en indie rock, Kennyhoopla plonge donc à son tour dans un pop punk convaincant et flirtant même avec l’emo. Pour les habitué(e)s de cette chronique, vous savez déjà que le monsieur vient ici de gagner mon cœur. Péché mignon, certes, mais c’est si bon.