Eddie Vedder nous offre une doudou à carreaux
MRC Data, l’observatoire des ventes musicales, publiait dans son rapport de fin d’année 2021 que les mélomanes reviennent de plus en plus aux classiques.
Eddie Vedder
★★★ 1/2
Earthling
En 2020, 65 % des écoutes sur les différentes plateformes étaient aux pièces de répertoires. En 2021 ? 69 %. Outre la nostalgie – les achats de vinyles sont aussi en hausse –, cet intérêt pour le matériel d’antan est également stimulé par TikTok (oui, oui) alors que certaines tendances du fameux réseau reposent souvent sur des hits d’autrefois.
Pour finalement lancer cette critique, loin de moi l’idée de prétendre que le leader de Pearl Jam a composé ce troisième album solo rapport en main, mais peut-être que cette tendance pointant aussi vers le réconfort explique pourquoi Earthling, qui s’avère pourtant très basique, est si bien reçu.
Du rock de stades
Faisant autant écho à Springsteen qu’aux Killers sur Long Way, ainsi que Invincible, qui lance le bal, Vedder y va d’un rock particulièrement rassembleur, voire convenu. On ne se surprend donc pas d’apprendre que le bonhomme est déjà en tournée, LP sous le bras, tant ces pièces se prêtent bien à un bon déhanchement de tête, briquet à la main.
Soit le quotidien revient au galop, soit le chanteur de Pearl Jam voulait faire plaisir à ses fans de la première heure tant Earthling compte aussi sur quelques morceaux qui font grunge dont Power of Right. Bon nombre de ses congénères singeraient le mal-être de leurs débuts, mais Vedder, lui, a la justesse d’esprit d’être sincère et de s’adapter. Le premier simple, Brother The Cloud, en témoigne tout particulièrement alors que l’artiste, qui approche la soixantaine, aborde le deuil et la mortalité sans heaume ni parade.
Bref, Eddie Vedder livre un rock plus réconfortant que renversant, et à ce point-ci de la pandémie, on l’en remercie.
Thomas Augustin
★★★★
L’Ordre du Temple Solaire
Après avoir collaboré à Malajube et Jesuslesfilles en plus de lancer le groupe rock Jacquemort, le multi-instrumentiste Thomas Augustin refait surface en solo via cette délicieusement inquiétante trame sonore – offerte seulement sur QUB musique – pour un documentaire diffusé sur la chaîne Vrai. Les fans des ambiances synthwave glauques de John Carpenter, voire de Cliff Martinez (à qui l’on doit les ambiances du film culte Drive, notamment) vont adorer.
Guylaine Tanguay
★★★
Ginette À ma façon
La reine du country québécois se frotte au matériel de la légende vivante, et vous l’aurez deviné, ça sonne exactement comme l’idée que vous vous faites de l’œuvre dès la lecture du titre. Soyons succincts : outre mettre en valeur la voix de Mme Tanguay – un organe qui s’avère étonnant ici, d’ailleurs –, Ginette À ma façon apporte peu au registre dans le domaine – quand même touffu – des reprises de la grande dame. Les nombreux fans de Guylaine Tanguay seront toutefois ravis puisque cette production laisse aussi présager des chansons de plus en plus portées par l’interprétation plutôt qu’uniquement par le sillon country.
Tire le coyote
★★★★
Au premier tour de l’évidence
Quelques mois après l’excellent Le temps des autres, un maxi de reprises folk livré en compagnie de Jeannot Bournival, le poète et auteur-compositeur-interprète Benoit Pinette revient à son projet solo Tire le coyote. Près de cinq années après son fameux Désherbage, le tireur sort de sa tanière avec un son plus riche et des musiques plus étriquées. Le jury se prononce encore sur le meilleur album de sa discographie, mais je crois bien que c’est mon préféré du lot à ce jour. Aussi, à noter, les fans de Calexico vont adorer la ballade texmex Sillonner la lenteur.
COUP DE ❤
Tegan and Sara
★★★ 1/2
Still Jealous
Outre la « nostalgie » de retrouver ce duo qui a contribué à la trame sonore de mes études universitaires, je craque pour Still Jealous, car les jumelles Quin osent offrir une compilation de leurs hits qui détonne, en les reprenant d’une façon acoustique particulièrement intimiste et dénudée. Évidemment, Tegan and Sara ne sont pas les premières à tenter le coup, mais le produit final demeure tout de même surprenant. Qui aurait cru que leurs vers d’oreille se prêteraient aussi bien à des adaptations en mode feu de camp ?